(Jour 6g- Manakara)
Ce matin au lever nous constatons que la pluie s'abat sur la région. Un peu décevant pour un jour de bord de mer ! Surtout que le temps paraissant plutôt beau à notre arrivé la veille. Aujourd'hui nous devons aller voir le canal des Pangalanes qui longe durant de nombreux kilomètres la côte. La pluie tempère légèrement cette envie de sortie. Après un rapide petit déjeuner -toujours aux Délices- nous partons finalement en pouss-pouss pour rejoindre le départ de notre journée. Afin d'éviter les rafales de pluies, une bâche a été rabattue par le conducteur. Nous arrivons à destination sous une pluie battante. Heureusement nous avons emporté nos capes de pluie, refuge parfait pour un temps comme celui-ci.
Après quelques minutes d'attente, pour laisser passer un gros grain, nous prenons place dans notre pirogue et commençons notre périple. Nous partons de l'embouchure de canal, la ou il est en contact direct avec l'océan. A cet endroit, il existe un lieu de passage obligé pour les marins qui sortent pêcher ou qui reviennent de pêche. Ce lieu consacré aux divinités de Madagascar, permet aux pêcheurs d'avoir les faveurs de dieux avant et après leur sortie en mer. Certains tabous (fady) existent à cet endroit notamment sur le fait de ne pas porter de vêtement rouge, couleur du sang royal qui ne doit jamais être versé. Cette partie de l'embouchure de la mer est relativement calme malgré le mauvais temps. En effet, placée légèrement à droite de la photo se tient une digue que les français ont érigés lors de la colonisation. Cette digue permet de casser les vagues qui viennent de l'océan et ainsi l'accès à la mer se revèle bien plus facile pour les pêcheurs.
Notre pirogue s'éloigne de la mer pour rentrer dans le canal des pangualanes. La pluie tombe drue et la cape de pluie n'est pas de trop pour s'abriter. Nos trois rameurs rament avec force et l'embarcation avance à bonne vitesse malgré les conditions climatiques difficiles.
Le long du canal des pangualanes nous croisont quelques villages de pêcheurs. Les habitations traduisent ici le niveau de vie des habitants : pas d'électricité, pas d'eau courante. Les ressources se limitent à la pêche.
Nous progressons et remontons vers le Nord, et le temps ne s'arrange guère. Néanmoins la balade sur l'eau est plaisante malgré ces conditions météorologiques difficiles. Notre piroguier a apporté des parapluies, l'eau qui tombe n'est guère un soucis. Les rameurs ne possédant que des tee-shirts sont rapidement trempés.
Notre guide -sylvain- n'est pas avare en discours sur son pays, son peuple, ses coutumes, son histoires. Ils est parfois difficile de suivre son discours, facilement distrait que je suis par le paysage qui nous entoure.
Nous croisons de temps à autre des pêcheurs qui remontent le canal dans leur frêle embarcation. Les pêcheurs ne viennent pas pêcher sur le canal, il ne l'utilisent que comme voie navigable pour aller de la mer à leur village.
Après quelques heures de navigation sur le canal, nous accostons enfin à proximité d'un village de pêcheur. Nous sortons de notre -magnifique- pirogue colorée pour rencontrer les habitants.
Nous sommes acceuillis par une ribenbelle de gamins qui s'amusent autour de nous. La denrée la plus présente est bien sûr ici -proximité avec la mer oblige- le poisson fraîchement pêché.
Les gamins ici comme ailleurs sont un brin facécieux et n'hesitent pas faire les marioles autour de nous, en prenant des poses de karaté ou en gambadant autour de nous.
Nous continuons notre visite en nous dirigeant vers la plage où les pirogues des pêcheurs sont entreposées. Apparemment les pêcheurs sont deja rentrés de leur pêche qui a lieu généralement le matin.
Le canal est relativement peu utilisé actuellement. Le port a côté de Manakara est plutôt tombé en désuétude et les bateaux se font rares sur le canal. Quelques pirogues l'emprunte cependant, profitant des eaux plus calmes que la mer proche.
Il n'est pas rare de voir les filets des pêcheurs aux alentours des maisons. Les filets sont ici un signe extérieur de richesse des habitants de ce village, et le fait de les exposer à l'extérieur à pour but de mettre en évidence l'objet mais aussi le fait que son propriétaire est un bon pêcheur. Parfois même les filets sont colorés.
Après quelques minutes de visite du village, nous sommes invité dans la demeure du chef (absent) ou nous pouvons déguster quelques succulants mets locaux: riz rougaï, écrevisse, poisson. Un vrai régal !
Nous reprenons notre visite du canal en remontant vers le Nord. Par endroit, le canal se reduit sur certaines parcelles, et trouver son chemin devient plus compliqué. Le canal souffre d'un manque criant d'entretien après la fin de la colonisation. De moins en moins emprunté, sans entretien, un cercle vicieux s'est instauré et celui-ci est largement laissé à l'abandon
Nous accostons sur la berge, humide. Après quelques minutes de marche dans les terres, nous tombons sur des plantes curieuses ayant la propriété d'être carnivores. Il s'agit de Népenthès dont l'aspect est caractéristique avec une forme de vase surmontée d'un clapet. Ce dernier est présent pour protéger la plante de la pluie et non pas pour éviter que les proies ne prennent la poudre d'escampett. Une substance gluante présente sur les parois de la plante oblige la proie à tomber dans le bas de la plante ou se trouve le suc gastrique qui permettra la digestion de l'infortuné insecte tombé au fond.
A proximité se trouve une plantation de vanille, que nous allons visiter. La vanille pousse grace à un tuteur, ici des acacias qui ont la propriété de pousser facilement dès plantation et ce même si une branche est plantée. La vanille va se developper autour de ce tuteur pour atteindre des longeurs de plusieurs mètres. Après pollinisation, la gousse de vanille doit être séchée dans des conditions très particulières pour garder son goût.
A côté de la propriété, des gamins proposent à la vente des gousses de vanille. Une bonne gousse de vanille se repère à sa teinte plutôt foncée qui est le signe d'une bonne conservation après la récolte.
A proximité, nous trouvons un alambic qui permet de de l'alcool.
Nous prenons maintenant le chemin du retour et c'est sous l'impulsion de nos piroguiers chantant à tue-tête que nous rentrons vers Manakara. Ils chanteront sur le chemin du retour des chansons en malgache mais aussi en français dont certains refrains seront repris par tous.
Les chants des piroguiers se repercutent un peu partout autour de nous. Sur les pirogues que nous croisons, nous ne passons pas inapercu et les chants sont parfois repris par les personnes que nous croisons.
La tempête du matin s'est maintenant calmée, vent et pluie sont des vieux souvenirs. Quelques rayons arrivent maintenant et commencent à nous réchauffer alors que nous arrivons bientôt à notre point de départ.
Sous l'effet du soleil, les villages aux alentours prennent de belles couleurs, et les habitants resortent petit à petit.
Nous repassons devant la digue construite par les français (a droite au fond sur la photo), et regagnons maitenant notre point d'embarcation.
Nous retournons à note hôtel, l'annexe des Délices, et allons diner la nuit tombée à "La guinguette", avec un repas qui ne restera pas dans mes mémoires, surtout en comparaison du repas pris la veille.