(Jour 15- Sur la Tsiribinha)
Lever un peu plus matinal ce matin. Une petite brume rafraichissante recouvre la Tsiribinha. L'eau est calme, très calme, un vrai miroir, seul le clapotis des piroguiers chargeant la pirogue modifie légèrement ce superbe équilibre.
Je l'avoue, en pensant à la descente de la Tsiribinha, comme je l'ai dit dans mon introduction à ce périple, je m'attendant à quelque chose de moins grandiose, de plus intime. Plus intime notamment avec la nature, la forêt, les berges, les animaux aussi. La, les poissons sont rares dans le fleuve, rare car surement invisible du fait du sable charié par le courant, les oiseaux aux alentours se font rare aussi. Parfois quelques rapaces s'intéressent cependant à nos restes, et ce matin, un oiseau de proie guette notre départ, en espérant récuperer quelques denrées à se mettre sous son bec.
L'épisode de la cascade rafraichissante vécu hier est bien loin maintenant. Cependant notre guide n'hésite pas à arrêter le convoi de pirogues a des endroits stratégiques pour permettre aux plus courageux d'entre nous de prendre un bain. Le choix des emplacements pour un petit bain est guidé par la nécessité de trouver des endroits sans danger (crocodiles notamment), avec un courant important (pour éviter les eaux stagnantes) mais pas trop fort pour éviter d'être emporté au loin. Quand une halte est décrêtée, piroguiers, cuisiniers et les gamins qui nous suivent sont souvent les premiers à se jeter à l'eau. J'avoue que pour ma part, je n'ai pas osé me baigner dans une telle eau, j'aurais eu l'impression (à tord peut etre) de ressortir plus sale que je ne l'étais déjà !
Les images d'épinal de gamins s'amusant dans l'eau sont aussi présentes ici. Terrain de jeu propice à l'amusement, aux bétises, le fleuve permet d'oublier quelques minutes les difficultés rencontrées ici.
Les deux gamins qui nous accompagnent se chamaillent en permanence, dans l'eau, durant les bivouacs. Signe d'un bonheur simple et profond, parfois oublié dans certaines contrées et certains esprits. Une autre vision de la vie. Deux gamins que ne rechignent pas à la tache, notamment dans le rythme qu'ils donnèrent à leurs pagaies.
Peu à peu le temps commence à se dégrader, le clapot du fleuve grandit un peu, le temps s'assombrit. Au détour d'un virage, notre guide nous interpelle sur une forme qu'il distingue sur la berge. Nous nous approchons lentement, en silence. C'est un crocodile (la tête est à droite de l'image). Malgré nos précautions, à notre approche, le saurien se réfugie dans l'eau et les herbes proches. Rencontre furtive et lointainte, mais rencontre impressionnante. Notre guide nous informe que dans la région, les 'accidents' arrivent au moins une fois l'an. Accidents qui ne concernent pas les touristes non mais les personnes qui vivent aux alentours piegés par l'animal caché dans les rizières. Dure réalité.
Nous continuons notre périple. Par endroit les berges deviennent plus abruptes, de véritables gorges. Sur l'une des falaises, quantité d'animaux se sont amassés : des oiseaux (aigrette) mais aussi des chauves souris, postées la tête en bas, et chose bizarre en pleine lumière. Surement dérangée, elles bougent légèrement sur leur point d'attache, mais pas au point de s'envoler.
Nous reprenons notre chemin, rameurs infatigables que sont nos piroguiers, dans un rythme régulier et interminable.
Le soir approche maintenant (enfin le couché du soleil), le soleil se refléte dans le fleuve, et devient propice à de belles photos.
Le soleil plonge au dela de l'horizon, nous nous arrêtons pour le bivouac (le dernier de notre périple sur la Tsiribinha). La nuit nous englobe fraîchement.