(Jour 5- Fiana - Manakara )
Ce matin, l'objectif est de partir en train pour Manakara, ville située sur la côte Est. Je dis objectif car vu ce qui s'est passé hier, je suis sur la réserve concernant le départ à l'heure du train. Le départ est prévu à 07h00 et lorsque nous arrivons à la gare de Fiana, le train est bien là ! Nous prenons place dans le wagon 1ere classe, occupé principalement par les touristes. Les wagons sont confortables, rien de révolutionnaire, et le voyage s'annonce bien... sauf que la locomotive est absente !
Chaque voyageur passe le temps à sa façon. La gare propose pour faire patienter tout le monde un peu de musique via les hauts parleurs de la gare. Le gens sortent sur le quai, ou s'assoient même au bord de la voie en attendant l'arrivée de la partie motrice du train. La gare de Fiana ressemble à une gare suisse, de loin cependant d'après une source suisse présente mais c'est vrai que le cachet est 'spécial' et reste très décalé avec le reste des habitations aux alentours.
L'horaire de départ étant complètement inconnu (les aléas de la vie malgache !), chacun patiente comme il veut ou peut. Prendre un peu l'air par les fenêtres, attendre, juste attendre, il convient d'être patient dans ce pays !
Dans un hurlement strident, la locomotive arrive enfin. Après quelques manœuvres pour ranger quelques wagons égarés, le locomotive s'approche finalement de notre convoi. Le départ semble proche !
Toutes les conditions semblent réunies pour le départ. Tout le monde s'agite un peu plus dans les wagons, le sentiment qu'une expérience particulière va commencer est étrangement et bizarrement présente ! Il faut dire que ce train est le seul qui reste en exploitation à Madagascar... et que les transports sont relativement sinistrés entre Fiana et Manakara (route longue et praticable que depuis peu).
Même les gamins participent à la fête. Bien sur les locaux qui peuvent emprunter le train sont des privilégiés. Le prix du billet est en effet relativement onéreux au regard du niveau de vie des malgaches. Le billet coûte en effet 12000 Ar en seconde classe (et 17000 Ar en 1er classe) comme vous pouvez le voir sur le site de la la compagnie ferroviaire Avec le cours actuel de l'Ar, le billet coûte a peu pres 6 euros. Sachant que le salaire moyen à Madagascar est de 20 à 30 euros, vous avec une notion du prix de ce voyage pour les malgaches.
C'est enfin le départ ! Ouf ! Comme je l'avais dit lors de l'achat des billets, nous nous trouvons sur la partie droite du wagon. La majorité du 'paysage' se trouvant côté gauche, je suis obligé d'aller vers les portes situées aux extrémités du wagon pour admirer plus confortablement la vue. Si vous prenez le train, demandez donc une place à gauche (dans le sens du déplacement du train) ! Le paysage dans ce début de voyage est majoritairement composé de rizières. En effet, chaque région plane et possédant un peu d'eau a été annexées pour en faire des rizières. La présence de ce type de culture sera vraiment une constante tout au long de ce voyage.
Le wagon de 1ere classe est assez confortable pas de comparaison possible avec la 1ere classe française non, d'ailleurs elle ne vaut pas une seconde classe française mais ne boudons pas notre plaisir de participer à ce voyage atypique. Dans ce wagon, il n'y a que des touristes, pas de locaux (enfin pour ce voyage en tout cas!), le train n'est pas plein, et il reste quelques places disponibles principalement du cote droit du wagon. Il s'avère qu'exceptionnellement, un second wagon pour les touristes est disponible à l'arrière du train. Les voyageurs se sont répartis dans ces deux wagons. Le tain roule à allure très modeste dans un bruit assez prononcé, l'ancienneté du train, de la locomotive (donnée par les suisses) Diesel, et de l'état de la voie y sont pour quelque chose !
Le voyage commence vraiment et les paysages commencent à défiler. Les rizières sont présentes partout. Le pays tente d'exploiter la moindre parcelle de terrain pour faire pousser de riz, 1ere culture de Madagascar. Plus de 60% des malgaches cultivent le riz à Mada, cela atteint même jusqu'à 70% dans certaines régions rurales.La majorité de la récolte se fait entre les mois d'avril et de juin, mais des différences existantes en fonction des régions. Cependant, malgré l'utilisation du moindre terrain pour faire pousser du riz, la culture sur l'île ne suffit pas aux besoins des habitants malgaches, notamment du fait d'un rendement faible. Néanmoins, Madagascar possède l'une des consommations par habitant la plus élevée de la planète (130Kg par habitant et par an).
Dès le matin, les ouvriers ou paysans sont déjà présents en nombre dans les champs à cultiver, entretenir le riz. Au passage du train, les gestes s'arrêtent, les yeux se lèvent. Le passage du train est loin de laisser les malgaches indifférents. Pour continuer sur la problématique du riz, il s'avère que la plupart du riz cultivé à Mada est un riz reconnu pour ses qualités, et de ce fait non consommé sur place mais exporté. Le pays importe alors du riz asiatique de moindre qualité pour la consommation interne.
Vu la vitesse du train qui nous emmène à Manakara, il est possible de profiter du paysage en se penchant par les fenêtres (ouvertes) des wagons. Ceci est d'autant plus vrai lors des arrêts dans les gares (Il y a 16 gares le long des 170 km de la voie qui séparent Fiana de Manakara), ou la magie du train malgache agis vraiment.
En effet, à peine le train entré en gare, que l'effervescence est de mise sur les quais, mais aussi dans les wagons. Sur les quais, de nombreux marchands ambulants se pressent pour vendre toute sorte de nourriture, des fruits, jusqu'aux beignets (sans oublier des yahourts !). Ces vendeurs n'hésitent pas à déambuler de part et d'autre du train pour vendre leurs produits, et même parfois quand c'est possible à monter dans les wagons.
Le train attire non seulement des marchands ambulants mais également des gamins en nombre qui pour la plupart mendient pour glaner un peu de nourriture. Ils s'assoient parfois sur le bord de la voie ferrée, et attendre un mâne potentielle. Leur tenue ne laisse malheureusement pas de doute sur leur condition de vie. Comme un peu partout à Madagascar, ils sont friands de bouteilles d'eau vide (pour jouer) mais surtout bien sûr de denrées mangeables que les voyageurs pourraient leur donner.
Notre périple continu rythmé par les nombreux arrêts en gare. Le train commence à aborder une région un peu plus montagneuse. Les zones cultivables se font de plus en plus rares, et sont remplacées par des plantations de banane plus adaptée au relief.
Le train file a bonne allure dans la montagne dans un bruit souvent assourdissant (le tac tac des roues sur la voie est particulièrement pronconé !). Les vendeurs ambulants qui passent de wagon en wagons prennent parfois une pause entre deux stations et en profite pour fumer une cigarette en admirant le paysage et en bavardant.
Chaque gare attire son lot de personne. Les gamins dans ces régions sont en nombre. Malheureusement, en pleine journée la plus part (aucun ?) ne sont pas à l'école, et ici leur donner des crayons et des cahiers n'a guère de sens, sachant qu'ils n'arrivent pas à manger à leur faim. Cet état de fait est d'autant plus regrettable sachant que le potentiel alimentaire de l'île est plutôt important. Mais celui-ci est certainement mal exploité ou les recettes mal redistribuées...
La veille locomotive suisse arrive sans peine à tirer les quatre wagons de notre convoi. Il faut dire que de Fiana jusqu'à Manakara la voie est principalement en descente. Le train part en effet de 1500m d'altitude jusqu'à la mer.
Peu à peu les montagnes se font moins présentes, et les champs de riz font de nouveau leur apparition avec leur lot de couleur différente image du degré de maturation de telle ou telle parcelle cultivée.
Nous traversons de nouvelles gares qui attirent toujours autant de monde, les gamins n'hésitent pas parfois à faire la course avec le train qui arrive en gare. L'arrivée du train provoque souvent un fort enthousiasme de la part de la population locale.
La paysage continu de se transformer à mesure que nous nous rapprochons de la côte. Finalement les montagnes disparaissent complètement et la plaine fait son apparition. Les nuages se dissipent également et le beau temps s'installe. Les rayons du soleil illuminent alors les champs de riz qui sont maintenant visibles à perte de vue.
Après 7 heures de train et de multiples arrêts, il y a des signes de proximité de la mer qui ne trompent pas comme ce phare. A la fenêtre je ressens l'odeur d'iode de la mer toute proche. Le train commence à ralentir et nous arrivons à la gare de Manakara. Prenant nos affaires, nous sortons de la gare pour nous faire assaillir (et le mot est plus que faible) par des dizaines de pouss-pouss. Sagement, nous préférons aller à pied chercher un hôtel pour la nuit. Nous décidons de nous installer à l'hôtel 'les Délices' (fameux pour son lit à baldaquin !). L'hôtel est situé dans le centre de la ville.
Nous profitons des dernières lueurs du jour pour nous diriger vers la mer, et le spectacle -toujours merveilleux- de celle-ci s'offre à nous ! Un vent fort nous accueille, la mer s'en retrouve déchaînée. Ici pas de baigneurs ! D'un part parce que le vent rends la mer impraticable et d'autres part, cette région de l'île de Mdagascar ne dispose pas de barrière de corail, et une mauvaise rencontre (requin ?) est semble-t-il possible...
A fin de protéger cette partie de l'île une barrière a été hérigée. Le lieu fait de ce fait un peu artificiel, d'autant plus que les baraques (d'inspiration coloniale) sensées être protégées par ces arbres sont complètement délabrées et tombent en ruine.
A la nuit tombée nous regagnons notre hôtel, et dînons dans le restaurant de celui-ci. Poisson à la crême au menu, sans doute l'un des meilleurs repas qu'il m'a été donné de manger à Madagascar. Si vous passez dans cette ville, cette étape gourmande et gastronomique est à essayer (plutôt est un incontournable !)