Voyage en Tanzanie
(Jour 6 - Barranco à Barafu - +700m de dénivelé)

Le lendemain, les nuages sont bel et bien restés scotchés dans la vallée, le froid de la nuit leur faisant certainement peur. Ce matin, journée spéciale, nous devons nous attaquer à la barrière de Barranco. La barrière de Barranco est une étape importante dans la montée vers le Kili vers la voie machame. Il s'agit d'un mur, d'une muraille de pierre qu'il faut gravir. Pour y arriver, laisser tomber les bâtons (enfin mettez les dans votre sac) ils ne vous servirons pour le début de l'ascension. Préparez plutôt vos mains et vos pieds pour un brin d'escalade (facile) qui dure un peu plus d'une heure. La barrière de Barranco, c'est à peu prêt cela (même si le chemin emprunté est légèrement plus sur la droite par rapport à cette photo).

barranco wall

Du fait de sa situation par rapport au soleil (le soleil va se lever pratiquement en face de cette vue, le mur est principalement à l'ombre, il peut donc y faire frais (mais la montée réchauffe vite je vous l'assure !). Après quelques minutes de montée, nous avons une vue sur le camp que nous venons de quitter et qui va bientôt disparaître dans les nuages avides de proies.

Nous prenons de plus en plus de hauteur. Le chemin raide, s'avère facile, les prises pour mettre main et pieds en nombre. Vraiment pas de difficulté particulière pour arriver à passer cette barrière. Après un début plus difficile, le chemin serpente le long de la montagne et les 1ers porteurs ne tardent pas à nous rattraper rapidement.

Par moments, la difficulté devenant un peu plus élevée, il peut se former parfois une petite caravane (rencontrée uniquement ce jour la et seulement durant la montée du mur de Barrafu) mêlant touristes de différentes groupes, porteurs cherchant tant bien que mal à doubler tout ce petit monde au pas de charge. Naturellement vu la charge transportée et du rythme notre groupe laisse passer tout ce beau monde quitte à s'arrêter sur le côté.

Un petite réflexion me vient sur le rôle des porteurs. Je crois que j'en avais déjà parlé durant mon trek aux Annapurnas. Au contraire de l'Asie, ou d'autres régions du monde, ici les porteurs sont obligatoires pour monter au sommet. La condition des porteurs restent cependant posée car peut être que vous pensez que c'est un job inhumain au regard de la difficulté de ce métier. Une bonne condition physique et un matériel adéquat (contre le froid ou pour grimper en sécurité) s'imposent. C'est souvent la cas, bien que le matériel semble ne pas être de 1ere génération (note guide francophone avait manifestement des chaussures beaucoup trop grandes pour lui, taille 47 alors qu'il ne faisait que taille très très modeste). Je pense pour ma part être favorable aux porteurs sous les conditions suivantes : 1/ ils me permettent de faire des voyages que je ne pourrais pas faire autrement ou alors dans des délais plus long, ce qui permet de rendre la montagne (ici ou ailleurs) accessible au plus grand nombre et non plus à l'élite 2/ Je considère alors que le métier doit être surveillé (faire des remarques aux guides si les porteurs semblent insuffisamment équipés) et surtout que la charge portée doit être maîtrisée (pas trop lourd). La il est bien difficile de vérifier cela en cours de route, il convient alors de faire confiance à un voyagiste qui prête attention à cela (et à éviter de charger à bloc son propre sac qui sera transporté !). Je pense que le respect commence la et engage la responsabilité de tous les acteurs dans la maîtrise de la charge transportée. 3/ bien sur c'est une activité difficile, mais vous pouvez aussi être généreux par le biais de pourboires pour les aider dans leur condition.

Après avoir vaincu le mur de Barranco, nous arrivons a un petit monticule qui nous permet de nous reposer. Notre aide cuisto toujours en tête des porteurs et toujours de très bonne humeur (ce qui fut très plaisant durant tout le voyage).

Après la montée, fatalement nous avons droit à une petite descente qui nous permet de retrouver des paysages familiers, avec nuage bas, et des sénéçons géants.

Nous continuons notre périple qui consiste à contourner la base du Kibo. Le chemin maintenant présente quelques faux plats, cela continue de monter légèrement mais sans plus. Le chemin est comme d'habitude très bien tracé et ne présente pas de difficultés particulières.

Parfois cependant nous rencontrons quelques dénivelés plus au moins important. Les porteurs dont la vélocité ne vous échappent plus en profitent pour dévaler les pentes à vitesse grand V soulevant largement de la poussière (volcanique). Ils courent presque des dizaines de kilo suspendus sur leur tête.

Nous progressons maintenant dans un dédale de pierre et de chemin un peu moins facile car plus pentu. Au détour d'un tournant, profitant d'une petite éclaircie de la part du brouillard envahissant, je distingue que les quelques minutes qui viennent ne seront pas de tout repos. Descente, et remontée immédiate est au programme ! Nous nous arrêtons quelques minutes au fond, et repartons.

Finalement la montée, lente et tranquille se passe sans difficulté. Le brouillard reste présent de l'autre côté, et je distingue notre position par la plaque indicatrice posée là : Karanga Hut 3930m d'altitude. C'est à dire que depuis le début de la journée... 13 mètres d'altitude en plus... pour environ 4 heures de marche... le rendement est plutôt mince !

Nous nous arrêtons à cet endroit pour nous restaurer rapidement. Nous repartons. Commence alors une lente et longue montée. Je dirais presque religieuse montée. Le pas lent mais sûr, pas de problème, mais l'altitude est la, et rien ne sert de courir. La petite caravane se mets au diapason du guide et nous progressons ainsi pendant de longue minutes.

Comme d'habitude, nos porteurs et cuisiniers (et son aide) partis après nous après le repars, ne tardent pas à nous doubler avec une légendaire bonne humeur, ce qui au regard des pas à effectuer sous le poids de leur bagages n'est pas chose donnée à tout le monde !

 

Au fur et à mesure que nous avançons de dessine peu à peu notre destination du jour. Tout parait proche, facile, atteignable en quelques minutes, sans autre soucis, sans difficulté, sans véritable problème. Mais la progression reste modeste, le pas régulier mais lent. Nous sommes maintenant vers 4400m.

Au détour de la montée finale figurant sur cette précédente photo, nous nous arrêtons. Le guide nous informe que la destination finale n'est qu'a quelques minutes maintenant. Le froid commence à venir, et nous indiquons notre préférence pour continuer après nous êtres arrêté quelques minutes. Des porteurs nous doublent (encore et encore !), en regardant ces hommes marcher je comprends à la lenteur de leur pas, que la difficulté est présente en chacun des personnes sur le site.

Les dernières minutes jusqu'a notre destination du jour, se feront dans le même esprit. Nous arrivons finalement à 4550 mètre sur le site du camp de Barafu. Ce site est un vaste amas chaotique de pierres en tout sens. Comme si la montagne dégueulait tout ce qu'elle pouvait pour éviter que les hommes ne s'y installent. C'est un véritable capharnaüm. Des tentes sont placées un peu partout, sous des rochers, même parfois juste à côté des toilettes en bois qui rejettent un forte puanteur. Quelques parcelles sont cependant dégagées permettant au randonneurs, aux porteurs, aux guides de placer leur tente. Le site par endroit n'est guère accueillant. Détritus, odeurs infâmes. Depuis notre départ, c'est vraiment l'endroit ou la propreté laisse le plus à désirer. C'est aussi l'un des endroits les plus fréquentés...

Heureusement, de l'autre côté de la montagne vers la vallée, la vue est largement plus intéressante. Notamment nous dominons (presque) le Mawenzi qui culmine à 4958m. Le spectacle en cette fin de journée est splendide les nuages commençant à se dissiper.

mawenzi

Je profite de ces quelques instants pour faire différentes photos de l'équipe qui nous accompagne. Je ne connais pas les noms de tous les membres de notre expédition (c'en est une !). Il y a bien sur notre aide cuisto (à gauche), des porteurs (anonymes, à droite) qui s'affèrent à la préparation du campement.

 

D'autres préparent les tentes (les nôtres, montées en un tour de main) ainsi que les tentes 'mess' pour les repas et le couchage.

 

D'autres en profite pour déjà manger un morceaux (à gauche), tandis que le porteur de droite remets de l'ordre dans ses affaires, en nous montrant une bouteille d'oxygène au cas ou la montée causerait des problèmes... Apparemment l'équipe avait aussi un caisson hyperbare mais je ne le vis pas du séjour.

 

Finalement, je voudrais profiter de l'occasion pour remercier l'équipe qui nous a permis d'atteindre ce but (je vous rassure la montée n'est pas terminée !!). Merci à Obed qui pose fièrement devant sa tente, à Ronahldino lui également bien fier devant la tente messe, et notre cuisiner qui prend un peu de repos avant d'attaquer le service du soir. C'est en fait, les trois personnes de l'équipe (en plus des deux autres guides) avec qui nous avons le plus de contact (bien que j'ai découvert très tardivement dans le séjour qui était le cuisto dans l'équipe).

 

Au soleil couchant, l'ensembles tentes sont montées, les voisins installés dans tes tentes qui ont fleuries au milieu de pierres et cailloux, et le calme se refait petit à petit dans le campement.

D'une façon complètement innocente, je continue de scruter les environnements, et je finis par me retourner complètement, et comme à mon habitude, n'hésite pas à prendre une photo. Je dois l'avouer je devais être complètement perdu dans mes pensées lorsque j'ai appuyé sur le bouton de la prise de vue. En effet, et je m'en suis rendu compte que le lendemain en fin de journée, mais je venais de prendre en photo, la montée vers uhuru peak, le sommet du kilimandjaro... ! Le chemin en fait part sur la droite, sur ce ressaut de la montagne, et ensuite file droit vers le le col en laissant le glacier sur votre gauche, puis celui-ci file vers la gauche pour atteindre le sommet.

Pour plus de clarté, j'ai indiqué par des flèches sur la même image le parcours de Barfu camp jusqu'au sommet que nous aurons à accomplir le lendemain. N'hésitez pas à charger le fichier du parcours au format google earth pour visualiser tout cela.

Mais pour l'instant, il est temps de reprendre des forces en prenant notre repas. Nous prenons possession de la tente et comme chaque soir ou presque je me délecte d'une soupe (avec toasts au fromage !), d'un plat principal (je crois macaroni ce soir la). Et un dessert pour finir.

A la fin du repas, le guide (Obed) nous donne les dernières consignes pour le lendemain : lever à 23h30 (il est 18h30 lorsque nous mangeons), petit thé au lever, et départ ensuite à minuit. Obed nous recommande de prendre le maximum de couches protectrices que nous avons à disposition, le froid peut sévir pendant la montée et au sommet. S'il fait trop chaud, alors il sera toujours temps d'enlever des couches en cours de route. Ne pas oublier bien sûr les gants, toujours pour lutter contre le froid. Pour le sommet prendre lunette de glacier et crème solaire. Quelques règles de principe sont énoncées pour la montée : 1/ Il est interdit de s'arrêter sans signaler l'arrêt aux guides (nous avons trois guides pour 7 personnes). 2/Les arrêts pour boire et manger un peu seront annoncés et ne dureront que 3mn 3/ il est interdit de s'arrêter pour laisser passer quelqu'un. Si il y a un groupe derrière alors soit il prendra un autre chemin soit il attendra patiemment. Le guide pourra au besoin arrêter tout le groupe si il ressent le besoin de laisser passer des personnes. 4/ il convient de boire continûment durant toute la montée. Pour finir, le guide donne des conseils en cas de problème physique notamment vis à vis du mal aigu des montagne. Les signes premiers sont maux de tête (mais très fort, un léger mal de tête est normal), vaumissement (mais pas ceux du à la diarrhée !).

J'écoute pour ma part religieusement ces principes. J'ai hésité un instant à laisser une couche dans la tente avant mon départ, mais finalement je prends la décision de tout prendre, autant que cela serve à quelque chose ! Je prends deux gourdes, dont une remplie d'eau chaude qui m'est servie au moment du départ... qui arrive finalement bien rapidement...

lien vers le jour 7