(Jour 2- Découverte d'Arusha )
Cette journée est une journée libre à Arusha, avant d'attaquer le Kili le lendemain. En ce début de matinée, nous prenons un taxi à partir de notre lodge, à destination de la ville d'Arusha, dans le but de faire un brin de visite, mais aussi d'y déjeuner. La distance n'est pas très grande et avec un peu de temps le parcours a pied aurait été possible. Nous entamons notre visite par le marché local, couvert. Lorsque nous nous y engouffrons, j'ai le souffle coupé par l'odeur très forte de poisson qui y règne. Cela m'étonne un peu car Arusha n'est pas en bordure de mer, ni proche d'un quelconque lac, et donc pas vraiment reconnue pour ce type de spécialités. Vous y trouverez aussi quelques denrées locales (fruits, légumes, épices, et classiquement pas mal de monde) !
Un peu plus loin, en dehors du marché couvert, il y a un mur blanc qui abrite des boucheries. Chaque boutique présente un numéro au dessus de sa porte. Les bouchers attendent les clients sur le pas de la porte. Chaque boutique est plongée dans le noir, il n'y a que la fenêtre principale qui donne de la lumière à l'intérieur des échoppes. Parfois de maigres lampes sont utilisées de façon exceptionnelle.
Je m'approche un peu plus et je peux distinguer l'intérieur des pièces, avec la viande qui est stockée accrochée au plafond. Les conditions sanitaires n'ont ici bien sûr (ou malheureusement) rien n'a voir avec ce que vous pouvez trouver en occident.
Nous déambulons ensuite dans la ville d'Arusha, qui n'a rien d'extraordinaire. Nous nous arrêtons à la poste pour acheter timbres (600 shilling tanzanien) et cartes postales (400 shilling tanzanien). Apparemment ce sont les tarifs les plus bas que vous pourrez trouver en ville. J'achète des cartes du kilimandjaro avec l'ambition de les écrire dans une semaine après mon succès sur la montagne.
Nous sortons bientôt de la ville, et nous nous dirigeons vers un terrain vague. En fait, nous recherchons un espace libre ou nous pourrions découvrir les alentours, le temps devenant de plus en plus beau (se fut une constante à proximité de la ville d'Arusha. Des nuages bas, voir même un crachin breton le matin, et vers 11h, le soleil qui commence à percer de plus en plus, pour virer presque au beau fixe en début d'après midi). Nous arrivons finalement à trouver un terrain dégagé, ce que nous permet de distinguer pour la 1ere un sommet tout proche, non pas le kilimandjaro, trop éloigné et que nous ne pouvons distinguer à cause du relief et des nuages, mais le mont Meru qui culmine à presque 5000m :
Même si la montagne (le volcan en fait) est relativement éloignée, nous distinguons sont sommet sans difficulté. En regardant aux alentours, il est facile de se rendre compte, que c'est la seule haute montagne à proximité, le reste du relief étant formé de petits monts, dont la hauteur ne dépasse pas 100 ou 200 mètres. Ce sommet semble planté la, orphelin. C'est une vision assez inhabituelle (mais fréquente en Tanzanie !) pour moi, après avoir vu des chaînes de montagne en Amérique du Sud (Pérou), en Asie (Népal) ou en France (les Alpes).
Autour de cet endroit, les habitants vaquent à leurs occupations. Ils n'hésitent pas à parler alors qu'ils sont à plusieurs mètres de distances les uns des autres, ce qui rend la rue plutôt animée !
Nous continuons notre périple dans la ville et revenons sur nos pas en direction de la poste. Nous trouvons à deux pas de celle-ci un restaurant où nous avons déjeuné avec buffet à volonté (riz, pâtes, viande cuite, banane). Nous sortons du restaurant et nous dirigeons vers le centre ville matérialisé par 'place' principale qui dispose d'une horloge sponsorisée par une marque de boisson gazeuse...Pour ces deux motifs (et autre le fait que l'horloge n'a vraiment rien d'extraordinaire), je n'ai même pas pris de cliché de cet endroit. Dommage car il comportait aussi quelques poteaux indicateurs fournissant quelques indications de distance entre cet endroit et d'autres endroits de Tanzanie ou des pays proches.
Il convient de noter qu'Arusha présente en ses murs le tribunal pénal pour le Rwanda, ce qui fait un afflux de personnes et une sécurité relativement renforcée (mur, grillage) même si la présence policière est plus que discrète dans la ville. Ce qui est moins discret -hélas- ce sont les rabatteurs à proximité de l'avenue principale (proche de l'office du tourisme) qui n'hésiteront pas à vous mettre sous le nez des produits locaux à des prix (en $) qui semblent très élevés au regard du niveau de vie local. Si vous êtres attirés par ces joyaux, alors il convient de marchander. Ne faîtes pas comme l'américain moyen qui sort les dollars comme il sort les canettes de coca de sa poche. En parlant de l'office du tourisme, je suis rentré dans celui du parc du Ngorongoro (que normalement j'irai visiter dans la seconde partie de mon voyage après l'ascension du kilimandjaro). L'office dispose d'un graphique permettant de visualiser la fréquentation du parc. Il est a noter que celle-ci est en croissance exponentielle, excepté vers les années 1970 lorsque la frontière entre la Tanzanie et le Kenya fut fermée. J'ai questionné l'officier (fort aimable et fort disponible) en anglais (la langue officielle de la tanzanie à part le Swahili est l'anglais, donc pas de gros problème pour se faire comprendre si vous baragouinez quelques mots de la langue de Shakespeare) à propos du type de population qui fréquentait ce parc. Il s'avère qu'historiquement ce sont les américains qui venaient en masse en Tanzanie, que ce soit pour grimper au sommet du Kilimandjaro ou visiter les parcs. Mais depuis peu, la tendance a peu évoluée, et les américains (cependant toujours nombreux) sont de plus en plus concurrencés par les européens (les français notamment, 1er voyageur du monde en pourcentage de la population). Je quitte l'office, et me trouve assaillit de nouveau par une horde de vendeurs ambulants. Il faut dire que j'ai commis l'imprudence de déclarer ouvertement que je recherchais une carte du Kilimandjaro, alors forcément après, j'en ai eu plein sous le nez ! Mais je n'ai pas cédé devant la pression populaire (je l'ai achetée 3 fois moins cher que dans la rue, ou dans les bureaux officiels du parc du Kilimandjaro au bureau de l'agence de voyage natural discovery).
Il est l'heure de rentrer à notre lodge car nous devons rencontrer notre guide pour préparer nos affaires pour l'ascension du Kilimandjaro.
Je profite du soleil revenu pour vous présenter loasis lodge ou nous logions. Cet ensemble touristique dispose d'un certain nombre de lodges (chambre sous toît) pour 1,2 ou 3 personnes. Ces lodges ressemblent à ceci :
Sur cette image, la lodge est sur pilotis en hauteur, mais la grande majorité sont à même le sol. Ces lodges sont très confortables avec un (ou plusieurs) lit, un cabinet de toilette avec douche chaude (quand il y a de l'électricité c'est a dire tous les jours sauf le dimanche). Il y a même une bouteille d'eau minérale fournie pour les clients. Loasis lodge recèle des parties communes forts utiles comme un restaurant, un bar et... un piscine !
Je vous avoue que je ne me suis pas laissé tenter par l'eau de celle-ci, mais d'autres (des anglais) s'en sont donnés à coeur joie. En sortant de ma lodge, après mon retour de la ville par taxi, je croise sans faire attention un individu qui lit paisiblement sont journal dans le jardin.
Ce n'est que quelques secondes après l'avoir dépassé que je suis averti qu'il s'agit de notre guide pour l'ascension du Kilimandjaro. Il faut savoir qu'il est interdit de monter sur le Kili en solo (sans guide). Le guide est la pour prodiguer conseils (utile en cas de pépin), assistance au besoin (les téléphones portables passent presque partout sur le Kilimandjaro), pour établir un rythme de montée (important pour arriver entier au sommet) et surtout pour diriger la grande caravane de porteurs. Devenir guide sur le Kilimandjaro ne semble pas insurmontable : vous devez passer un examen théorique sur les aspects que je viens de mentionner, ajouter à cela la connaissance de la faune et flore locale. D'autre part, bien sûr vous devez passer un examen pratique qui consiste à monter au Kilimandjaro tout seul, sans personne avec vos affaires sur le dos (bref en technique alpine). Vous devez d'autre part vous munir d'un appareil photo afin de vous immortaliser au sommet et rapporter ainsi la preuve de votre ascension. Ne pas oublier de donner votre appareil photo à votre copain en descendant pour qu'il fasse la même chose en arrivant au sommet ! Il va de soi, vous l'aurez compris que ces guides n'ont pas les même compétences que les guides de Chamonix dont l'apprentissage n'a rien à voir que ce soit du point de vue de la durée que de la technique. Malgré tout, cet examen est indispensable pour devenir guide sur le Kilimandjaro. Il y a environ 200 guides sur le Kilimandjaro.
Ah oui, j'ai oublié de vous préciser le nom de note guide : Obed (prononcé Obedi avec le d comme dans la langue anglaise). Le briefing commence. Le message principal qu'il nous passe est de minimiser le poids de notre sac-à-dos principal qui ne doit pas dépasser 9kg. En effet sur le Kilimandjaro, il est obligatoire de partir avec des porteurs (pour le transport des affaires pour l'ascension, mais aussi pour le transports des tentes pour les voies non équipés de refuge, pour le transport des denrées alimentaires). Vous ne gardez pour l'ascension que votre sac de la journée avec le strict minimum : anorak, polaire, appareil photo, gourde, crème...
Pendant la demi-heure qui suit, tout le monde s'affaire autour de son sac pour attendre ce poids fatidique. Le contrôle n'est pas facile car la balance peu précise. Dans cet exercice, quelques personnes du groupe n'y arriveront pas (avec 10 voir 12kg de chargement). Je m'en sort avec 9kg (un peu plus je vous le concède) sachant que j'aurais pu retirer mes chaussures de sport qui ne m'ont guère été utile pour monter au sommet (je pensais les utiliser le soir pour me détendre les pieds, mais ce ne fut pas le cas). J'atteins l'objectif fixé, mais à la vue de certains autres sacs, je me demande si j'ai vraiment pris tout ce dont j'avais besoin. Le doute m'asseye. Mais de toute façon, je ne peux pas remplacer mes chaussures de sport par autre chose, car je n'ai strictement rien d'autres comme habits supplémentaires pour les fourrer dans le sac. Je laisse juste quelques affaires propres pour mon retour mais c'est tout. Avec ce poids de 9kg, j'ai la conscience tranquille. Effectivement il est apparemment toléré de dépasser ce poids, mais après je dirais que c'est une affaire de respect du grimpeur vis à vis du porteur de son sac.
L'affaire des sacs étant résolue, la journée avançant je décide de sortir visiter à pied les alentours de loasis lodge. Le chemin vers la grande route et la ville d'Arusha partant vers la droite, je décide de prendre le chemin de gauche. Le chemin en terre me permet de m'enfoncer un peu plus dans les terres. Il y a comme dans tous les pays du monde, des gamins qui rigolent et s'amusent en bordure du chemin
Et à mon passage, ils piaffent encore plus en me lançant des 'hello' à tout va ! Dans cette région de la Tanzanie pousse principalement des régimes de bananes (dont on dit qu'il est bien difficile de savoir par avance sur l'arbre va donner de grandes ou de petites bananes).
Peu après, je suis approché par une jeune fille qui bizarrement me demande en anglais (impeccable d'ailleurs) que je la prenne en photo. Je luis demande si c'est vraiment ce qu'elle souhaite (pour éviter toute incompréhension), je lui affirme que je n'ai pas l'intention de lui donner quoique ce soit en échange, et lui propose de poser en compagnie de son amie qui l'accompagne. Cette dernière refuse poliment, et donc c'est avec un beau cliché de plein pied que se termine cette conversation ! Sans oublier de montrer le cliché à la jeune fille, les appareils photos numériques à écran digital sont vraiment une belle idée pour les échanges.
Je continue mon périple, et a force de tourner à chaque chemin que je croise vers la droite, je me retrouve au bout de presque 45mn de marche de retour à mon point de départ. Il est temps de rejoindre ensuite le restaurant pour s'alimenter. Je refuse l'entrée composée de denrées fraîches (trop risqué), et me contente (mais c'est suffisant) de la soupe pomme de terre, de riz et poulet sauce massala, et pour finir de bananes flambées. La nuit s'avance tranquillement, je rejoins ma case. Il n'est plus possible de reculer maintenant, et avec une petit appréhension, je me couche. Demain, objectif kili !