(Jour 4 - Machame Camp à Shira Camp - +700m de denivelé)
Reveil à 06h00 pour ce deuxième jour de marche. Le temps est beau. Je me promène à proximité du camping. Le froid m'envahit. Je récupère une polaire dans mon sac pour me couvrir. A travers la végétation, je distingue le Mont Meru (4600m) qui peu à peu se réveille au contact du soleil.
Par endroit, la végétation, les alentours, les tentes d'autres campeurs également, sont couverts de gelée matinale, la nuit a due être relativement fraîche !
Au détour du chemin, je me retourne. Je distingue de nouveaux les tentes d'autres campeurs. Je découvre la végétation et le vallonnement de la région. Soudain, mes yeux distinguent une forme impressionnante au loin qui domine largement mais qui parait encore très lointaine. Je réalisé après seulement quelques secondes que je contemple pour la 1ere fois le Kilimandjaro, et ses neiges ou plus exactement le Kibo qui est le nom du volcan (le Kilimandjaro est plutôt la chaîne de volcans qui englobe notamment le Kibo). Diable que le chemin jusqu'a la bas semble long, diable qu'il semble encore haut !
Le soleil reprend peu à peu ses droits en ce début de journée et rapidement la température monte. Je n'hésite pas à me tartiner largement (très largement) de crème solaire, ayant la peau fragile vis à vis de l'astre brûlant en altitude. Vers 8h nous entamons notre marche. La végétation n'est pas très luxuriante mais par endroit laisse apparaître de belles couleurs.
Le sentier en montant devient de plus en plus escarpé, les différentes caravanes commencent à se placer en file indienne à l'assaut des difficultés.
Nous laissons comme à notre habitude passer les porteurs, bien plus rapide et plus à l'aise sur ce terrain. Rapidité, agilité, ils me dépassent quand même avec le souffle court, mais toujours de bonne humeur en laissant toujours traîner de joyeux 'jambo' !!
Durant notre montée, nous voyons les nuages remonter peu à peu la pente, l'impression que nous sommes chassés est bien présente ! Parfois le Kibo dédaigne se montrer profitant d'un relief moins abrupte et d'une végétation moins dense. Le chemin jusqu'a lui reste bien long... Il ne semble pas s'être tellement rapproché depuis ma vision de ce matin.
La végétation que nous rencontrons le plus souvent est composée de sénécons dont la taille de la plante dépend de l'altitude (plus l'altitude est élevée moins la taille de la plante est grande). Vu la taille de celle que je viens de croiser, il semblerait que la caravane prenne peu à peu de la hauteur !
Le chemin qui mène au plateau de Shira -le but de notre journée- présente parfois quelques escarpements. Dans ce cas, je suis obligé d'ôter les dragonnes de mes bâtons et les tenir à pleine main pour vaincre la difficulté, mais nous sommes bien loin de l'escalade !
Nous arrivons à la limites des nuages a une petite plateforme qui nous accueille pour le déjeuner. L'endroit semble propice au ravitaillement puisque d'autres caravanes font de même. Nous sommes 4-5 groupes à monter par la voie Machame ce jour, rassemblant environ 25-30 grimpeurs (sans compter porteurs, cuisto et guide). Ce n'est pas la foule cependant, et nous ne nous marchons pas sur les pieds ! La montagne est suffisamment vaste !
A son habitude, Ronaldhino a dressé la table et prépare le repas. A la vue de celui-ci (fruits et légumes coupés), j'interpelle le guide sur la réelle nécessité de nous donner des fruits coupés (la chair par exemple de l'orange est visible) alors que pour des conditions d'hygiène peut être est-il mieux de nous livrer les fruits entiers. Le guide me rassure en m'indiquant que les fruits et les légumes frais sont nettoyés avec un produit spécial, que les couverts et les assiettes également, et que le cuisto fait de même avec ses mimines. Il m'affirme que le risque -sans être nul- est repoussé. Légèrement convaincu des propos du guide, je m'essaye à manger ses produits là. Il s'avérera -grâce à une prudence au juste nécessaire- que la tourista ne passera pas par moi durant tout mon séjour en Tanzanie !
Guettant les préparatifs de l'aide cuisto, un corbeau local (différent de ceux de France car présentant une tache blanche sur le dessus de la tête), attend patiemment notre départ pour se délecter des restes de nos victuailles. Je ne vis pas beaucoup d'oiseau lors de notre montée vers le Kibo, excepté cette espèce et quelques tous petits oiseaux deci-dela.
La période du midi est propice également à un peu de repos, pour les pieds, pour les porteurs également qui n'hésitent à cumuler les haltes pour se reposer entre deux courses effrénées pour monter au camp du soir.
Nous abordons les derniers escarpements de la montée, et de ce fait approchons le début du plateau de Shira. La montagne perd progressivement en déclinivité.
Quelques plantes en complément de traditionnels arbustes subsistent à cette altitude. L'humidité semble parfois encore bien présente. Par contraste, par endroit, certains arbres sont complètement calcinés signe d'un feu récent.
Nous arrivons finalement sur le plateau de Shira. Le Kibo nous apparaît alors, cette fois si proche, si grand, si majestueux. Pour la 1ere fois de mon voyage, je matérialise finement le but ultime. Je distincte maintenant bien la neige, la glace qui recouvre encore les parois de la montagne.
Un écriteau placé non loin indique qu'une voie est désormais fermé (cf la pancarte ci-dessous intitulée 'This trail is prohibited'). Apparemment il s'agit d'un ancien chemin de montée, plus direct que le nôtre que ce soit aux abord du Kibo que pour atteindre le sommet final (trace directe presque de l'endroit ou a été prise la photo jusqu'au sommet). Ce chemin plus pentu, plus ardu, plus dangereux, a vu la mort de 2 porteurs et de 2 touristes américains il y a quelques années ce qui a amené les responsables du site à la fermer (avoir des morts au Kili n'est sans doute pas très bon pour le tourisme local...).
De notre côté, notre voie de passage consiste à monter vers le côté Ouest des flancs du Kibo et d'ensuite d'en faire presque le tour par le Sud pour rejoindre la voie classique située un peu à l'Est. Il existe une autre voie, nécessitant, corde, piolet, crampons (ce qui n'est pas utile pour aller au Kibo par la voie Machame) et qui passe en trace directe par le flanc Ouest. Apparemment cette voie n'a pas été utilisée depuis 20 ans d'après notre guide.
Nous arrivons finalement après encore quelques minutes de marche sur le lieu de notre campement, un peu à l'écart des autres groupes qui ont tous plantés leur tente presque au même endroit.
Il est relativement tôt dans l'après midi (14h). La vue sur le Kibo reste majestueuse ! Pas mal comme vue pour la chambre ! C'est un moment de détente dans une superbe paysage. J'en profite également pour faire une toilette complète avec notamment une peu d'eau chaude (placée dans la bassine verte).
Chacun profite de cette arrivée tôt dans l'apres midi pour se changer les esprits, nos porteurs font de même, envahissent les alentours pour contempler le paysage.
D'autres au contraire en profite pour taper la discute entre collègues.
Nous utilisons les moments qui nous séparent de la tombée de la nuit pour jouer brièvement aux cartes (la belote) en compagnie d'un médecin irlandais qui tente le sommet. Il est tout seul et uniquement accompagné d'un cuisinier et d'un guide. Les journées et soirées doivent lui paraître un peu longues. La journée se termine et il est maintenant nécessaire de se vêtir un petit peu pour lutter contre la fraîcheur qui arrive à grands pas.
Soudain, la partie s'arrête brusquement. Interpellé par l'un membre de notre équipe, nous dirigeons notre regard rapidement vers le Kibo. Le septacle qui nous est offert nous émerveille et illumine complètement le Kilimandjaro... La lune vient en effet de se lever sur les flancs de la montagne, et rapidement s'en dégage. Il est presque possible de suivre ses changements de position à l'oeil nu tellement l'astre parait aller vite dans le ciel.
A l'opposition de cette vision, le soleil fait exactement le parcours inverse et s'apprête à se coucher. Le spectacle du côté du mont Merou est également de toute beauté avec le soleil qui disparait au milieu des nuages de la 'vallée'. Nous sommes pris entre deux spectacles grandioses, et nous delaissons rapidement notre partie de carte.
Le soleil se couchant illumine de nouvelles couleurs le Kili et disparait ensuite au loin en léchant de ses derniers rayons le Mont Merou au loin.
Le nuit venu, nous regagnons la tente messe pour le diner. J'en profite pour faire une photo des guides qui nous accompagnent pour ce périple. De gauche à droite : Charles, Séraphin et Obed (qui parle français).
Et comme à notre habitude, après le souper, nous avions droit au briefing pour la journée suivante (matériel à emporter, heure du lever, dernière recommendation).