Jour 12 - Séjour en pays Masaï
Départ de Gibbs Farm ce matin, retour à Arusha, puis nous reprenons la route vers le nord. Après un peu moins de 2h de route dans cette direction (cf carte ci-dessous avec Arusha au Sud, le mont meru juste au Nord, Longido beaucoup plus au Nord et enfin le kilimandjaro plein Est symbolisée par son petit drapeau) en direction de la frontière Kenyanne (qui est à une trentaine de kilomètres) , nous nous arrêtons à Longido. Nous voila en plein territoire masaï (orthographes possibles Massaïs ou encore Maasaïs). Les masaïs font partis d'une ethnie par les 126 ethnies que vous pouvez rencontrer en Tanzanie, mais c'est sans doute la plus connue ! Nous arrivons en bordure de la montagne Longido qui donne son nom à la ville toute proche. Les masaïs vivent principalement dans le Nord de la Tanzanie et dans le Sud du Kenya. Dans ce dernier pays, leur nombre est estimé à 400000, le nombre semble bien plus flou en Tanzanie.
Mais ici, nous resterons en bordure de ce village pour quelques jours. Nous installons notre campement. Bientôt, nous faisons la connaissance de Sembeke qui sera notre guide masaï durant ces quelques jours. A peine arrivé, un troupeau arrive à proximité. Je suis plongé tout de suite dans l'ambiance locale avec les bêtes qui passent. En effet, les masaïs sont avant tout des pasteurs, dans le sens où ce sont des bergers et qu'élever des bêtes est leur métier principal. Ils furent guerriers à une époque mais ce temps est révolu.
Après le repas, nous commençons par la visite d'un village tout proche. Différentes familles sont rassemblées dans un village de forme circulaire, avec les maisons en périphérie, protégées par un clôture de branchages épineux pour repousser les animaux. Au bord du village se trouve le 'jardin d'enfants' local, les enfants s'amusent en jouant comme n'importe quels gamins. Nous entrons dans le village, les enfants nous suivent tous. Nous employons le langage masaï (que notre guide vient de nous apprendre) pour dire bonjour à ces bambins. Le rituel consiste à prononcer les mots 'Aleyeni supai' vers un garçon et 'Entito supai' vers une fille et en même temps de toucher la tête (nue) des gamins. Tout cela se fait dans la bonne humeur, les gamins rigolent, sales et morveux.
En arrière plan, vous pouvez distinguer une habitation traditionnelle. Celle-ci à la forme d'un escargot, l'entrée est protégée ainsi de toute forme d'agression (vent, pluie, soleil, poussière). La maison est réalisée à partir de piquets de bois assemblés les uns avec les autres afin de former les murs. Ceux-ci sont réalisés avec de la boue et de la bouse de vache. La maison est construite exclusivement par les femmes, il est en effet considéré comme honteux par les masaïs pour un homme d'aider à la construction des maisons. Ensuite, l'intérieur est partagé en différentes pièces par des murs construits de la même façon. La maison est ensuite revêtue de son toit formé de branches et de paille pour la finition extérieure.
Nous continuons à rentrer dans le village. Au centre de celui-ci se tient les enclos pour les animaux. Les masaïs distinguent deux types d'enclos. Les enclos pour les chèvres se situent à proximité des maisons, et sont spécifiques à chaque famille de masaï.
En revanche, les vaches, tatouées, sont rassemblées dans un enclos commun tout au centre du village. La encore des branchages épineux empêchent les animaux de se faire la malle. A cet instant les enclos sont vides, les animaux étant partis pour boire ou manger dans la savane.
Pendant que nous continuons notre visite du village, le petit groupe d'enfants qui nous suivaient se mettent spontanément à sauter sur place. Les adolescents font de même à un âge plus mûr pour se défier dans des concours et montrer d'une part aux autres hommes leur force et d'autre part à des prétendantes leurs qualités d'homme (c'est la drague quoi !). Je m'essaye pendant quelques secondes à cette pratique, et provoque la risée des gamins !
Nous sommes invité à rentrer dans une maison traditionnelle par notre guide. L'entrée est minuscule, ma grand taille ne m'aide pas à m'insérer dans la demeure. A l'intérieur, il fait nuit noire, seulement un peu de lumière arrive à passer par les trous de la toiture ou par un trou dans le mur permettant d'attiser le feu. Au centre se trouve ce feu qui n'est allumé que pour les repas. Il n'y a pas de cheminée et la fumée s'échappe directement par le toit. La chaleur est relativement importante. L'endroit est exigu. L'obscurité étant intense, je prends une photo un peu à l'aveuglette. Vous distinguez ici le feu (la pierre en bas) et notre guide (Sembeke). Il n'y a pas de siège, de tables. La cuisine, la salle à manger, le salon, la chambre (les chambres en fait) sont concentrés dans cette pièce unique.
Peu à peu mes yeux s'habituent à l'obscurité, et je me rends compte que cette maison est habitée par une famille et que la mère et son enfant sont présent à l'intérieur. Je ne les avais pas remarqués car ils n'avaient pas dit un mot. Je me sens un peu mal à l'aise, j'ai l'impression de déranger, de venir à l'improviste. Ils sont assis sur un lit de taille modeste qui n'est pas destiné à accueillir le couple.
Je me demande après coup, comment, pourquoi à ce moment là, cet enfant s'est-il mis à sourire. Cela reste un mystère. De l'autre côté de la pièce se tient le lit conjugal. Le lit est réalisé en bois, avec de la paille et une peau de bête recouvre la couche. L'espace est bien modeste pour deux personnes.
Je sors sans bruit et avec grande précaution de ce lieu, en ayant la sensation d'avoir un peu dérangé la tranquillité de ces lieux. La, un monsieur plus âgé nous dit bonjour.
Le langage masai est assez complexe lorsque vous dîtes bonjour à un adulte. Les phrases à prononcer sont différentes selon le sexe des personnes rencontrées et selon leur nombre. Pour un homme, il convient de commencer par 'Papa' ce qui signifie 'Bonjour monsieur', celui-ci réplique alors, 'Oye' ce qui signifie, 'oui ?' en signe d'interrogation. Vous répliquez ensuite 'Supai' pour demander comment l'homme va. Il finit par répliquer 'Ipa' pour signifier que tout va bien. Le rituel est identique avec des mots différents cependant pour les femmes.
Nous continuons notre visite du village. Un peu à l'écart se trouve un ensemble de cases. Celles-ci sont considérées comme des bars locaux où tractations de vente autour d'une boisson et d'un morceau à manger se déroulent. Ces coutumes locales n'ont lieu qu'une fois par semaine, le mercredi, mais nous sommes jeudi et les lieux sont vides.
Nous rentrons à l'intérieur de cette case, pour mien nous imprégner des coutumes locales. Nous y restons un long moment, et pendant ce temps la, Sembeke nous en apprend un peu plus sur la situation politique de la région. La région de longido a été reconnue territoire masaï à part entière il y a peu. Environ 2000 personnes y habitent. De ce fait, des représentants masaï au nombre de 6 siègent au parlement local. Ils sont donc depuis peu bien intégré au développement local, et ils ont l'impression qu'ils sont de plus en plus écoutés. Après ces considérations politiques, le soleil est maintenant bien bas dans l'horizon. Nous regagnons notre camping... le soleil disparaît derrière les arbres.