(Jour 3- Machame gate à Machame Camp - +1500m de denivelé)
Le départ de la lodge s'effectue à 8h30 dans le même 4x4 que le dimanche soir en arrivant. Nous allons dans un 1er temps vers l'agence de voyage ou il nous faudra débourser 645$ pour accéder au parc du Kilimandjaro nous donnant ainsi le droit de gravir la montagne. Cette somme -élevée au regard du niveau de vie local- ne fait qu'augmenter d'années en années, et permet d'après notre guide de réguler la masse de touristes souhaitant aller au sommet. Je pense pour ma part que c'est un très bon moyen pour faire rentrer des devises étrangères sonnantes et trébuchantes pour alimenter les caisses (lesquelles, l'histoire ne le dit pas). Mais la Tanzanie a bien compris depuis longtemps que le tourisme peut rapporter gros, alors autant en profiter ! Bref, en dehors des coûts 'classiques' relatifs à une ascension lointaine (coût du voyage, équipements, ...), il ne faudra pas négliger le tarif pour évaluer votre budget (et rajouter celui des parcs également !).
La voie Machame fait partie d'une des nombreuses voies qui mènent au sommet du Kilimandjaro. La plus connue et la plus fréquentée est la voie Marangu, dite aussi voie coca-cola (les rues au pied du Kili en bordure de cette voie ont des noms de plaques avec ce sponsor indiqué en grosses lettres rouge!). La voie Machame est elle appelée en contre partie la route du Whisky. Cette voie par rapport à la voie principale, s'effectue en 5 jours contre 4 jours pour la voie 'directe'. Avec une journée de plus en altitude, vous mettez toute les chances de votre côté afin d'éviter d'être pris par le mal aigu des montagnes (mam pour les pros). Le parcours de la voie machame figure sur l'image suivante (le chemin est en vert) ou est disponible en téléchargeant directement ce fichier utilisable et visualisable via le logiciel google earth.
Nous arrivons à la Machame gate où nous notons nom, prénom, adresse, numéro de passeport dans le livre de bord disposé à l'entrée. La voie Machame est une voie de montée, il est strictement interdit de descendre du Kili par celle-ci. Le départ de la voie se trouve à l'extérieur du parc national et juste à la bordure de la forêt tropicale. Elle est matérialisée par une véritable porte (pour ceux qui ne suive pas gate = porte en anglais).
Si vous regardez bien la photo ci-dessus, vous verrez qu'avant la porte (je suis à l'intérieur du parc lorsque je prends la photo) se trouve un rassemblant de porteurs en attente de trouver du travail. En fonction du nombre de touristes qui partent de cette voie chaque jour, les porteurs sont recrutés sur place. Vu l'entrain des hommes a rejoindre une future caravane (en courant !), je m'imagine tout de suite que porteur pour le Kili est un 'métier' qui permet de gagner pas trop mal sa vie au regard de ce qui pourrait être proposé par ailleurs (mais c'est un métier difficile et les gains sont bien sûr relatifs).
Avant de partir, l'équipe complète de porteurs est donc constituée. Nous sommes 7 grimpeurs dans le groupe. Notre caravane au complet se composera de 3 guides (Obed, Charles, et Séraphin), d'un cuisinier, et de 21 porteurs. Nous serons donc 31 personnes au total (mais les porteurs et le cuisinier n'iront pas au sommet, s'arrêtant au dernier camp avant l'ascension).
L'attente avant de prendre le chemin est long. Tous les sacs sont pesés les uns après les autres. Cette pratique récente a pour but d'éviter les abus, et notamment que certains porteurs se retrouvent avec des sacs de 50kg sur le dos ce qui fut le cas à une époque pas si lointaine. Cette vérification ayant été réalisée, nous commençons notre montée, il n'est pas loin de midi, sachant que le programme indique une montée de 6heures de marche, je me dis que la journée va être longue ! J'ai pris mes bâtons de marche (merci Franck !) et mes guêtres, le chemin pouvant par endroit être un peu boueux.
La montée s'effectue sur un chemin bien tracé qui serpente dans la forêt tropicale hyper humide (proche de 100% d'humidité). N'ayant pas pris de cape de pluie, je prie que le déluge ne s'abatte pas sur mes épaules. Ah oui, il faut dire que prédire le temps sur le Kili est d'après notre guide carrément impossible. Il existe des tendances en fonction des mois de l'année, mais aller faire des prévisions au jour le jour paraît bien compliqué. En tout cas, notre guide durant toute la montée aura des réponses laconiques sur le sujet (avec l'emploi important du temps conditionnel !). Nous montons lentement, chacun cherche son rythme dans ses 1er instants. Les seuls a ne pas chercher leur rythme sont les porteurs qui bien que partis après nous, nous rattrape à fond de train et nous dépasse allègrement dans un tonnerre de 'Jambo' ! (bonjour en Swahili !).
Après un peu plus d'une heure de marche, au détour d'une montée, se trouve une petit clairière ou notre aide cuisto (Ronaldi mais il sera surnommé durant tout le voyage Ronaldinho !) . Il a déjà dressé la table (avec une couverture masaï) et des sièges (très utile pour éviter de se tremper le cul sur une branche d'arbre vu l"humidité !).
Nous mangeons morceaux de pizza, poulet froid, patates grillées, oeuf dur, bananes en vitesse et reprenons prestement notre montée dans une forêt qui peu à peu disparaît dans une nappe de brouillard.
A un moment de la montée, les voies deviennent glissantes et gorgées d'eau. La boue fait sont apparition partout. Guêtres et bâtons (pour la stabilité) trouvent ici toute leur utilité !. Il est parfois difficile de progresser tellement le chemin est glissant. Pour ne pas arranger les choses, la pluie se mets à tomber dru ! Heureusement la forte densité de feuillages au dessus de moi fait que je ne suis que peu exposé par le déluge ! J'espère que cela ne va pas trop continuer, j'ai vraiment horreur de la flotte pour marcher !
La voie que nous empruntons est une pure voie de montée vers le Kili. En effet, ce n'est pas une voie habituelle de transit vers un village par exemple car il n'y a pas d'habitant dans le parc national. Les seuls personnes qui empruntent cette voie sont donc les touristes à la conquête du kili, les porteurs des expéditions, les guides et parfois quelques travailleurs qui montent des charges pour la rénovation des bâtiments placés le long de la route (baraque de rangers, toilettes,...).
Après quelques heures, de marche la forêt s'éclaircie un petit peu (mais pas les nuages qui restent immanquablement accroché à la montagne déversant encore quelques gouttelettes de pluie sur mes affaires).
Après 5 heures de marche dans la forêt, nous atteignons finalement le but de notre journée, c'est à dire la Machame Hut située à 3100m d'altitude. Nous signons le registre de la la Hut (le stylo bille bave largement sur les pages trempées). Il y a un thermomètre qui se balance tranquillement sur un clou à cote de la porte. Il indique une température de 9degC...
Après quelques minutes de marche supplémentaires, nous arrivons à une 'aire' de camping ou notre campement nous attends. Celui est composé de nos tentes individuelles (enfin pour 2 personnes), d'une tente mess pour les repas, et une autre tente mess pour les porteurs. Le terrain est boueux, il pleut, la toilette se résumera au minimum !
La nuit commence à arriver rapidement et à 18h30 il fait presque nuit noire. Il faut dire que nous sommes à proximité de l'équateur, et donc le soleil présente une course rapide dans le ciel. Il ne mets que très peu de temps pour disparaître à l'horizon. Aujourd'hui le soleil fut presque invisible durant toute la montée... Nous prenons notre thé, puis nous dînons dans la tente messe. Vu le temps maussade, et le manque de luminosité, toute l'équipe prend la direction de sa tente. Il faut dire que dans ce genre de conditions, je me couche comme les poules notamment pour prendre connaissance rapidement de la chaleur salvatrice de mon duvet !
Enfin, lorsque je parle de chaleur salvatrice, je dois apporter un bémol. Faisant chambre avec Fabrice, celui-ci a eu la bonne idée d'emporter une poche d'eau (genre camelback), ce qui en randonnée est chose très utile (bien que je préfère la bonne veille gourde, plus propice à rythmer la montée). Malheureusement, le temps étant franchement pourri nous avions décidé de mettre tous nos sacs dans la tente (ce qui fut chose très compliquée vu la taille de la tente, les gabarits des habitants (je fais 1m97), et la taille des sacs !). Bref, dans la tente, la place libre est bien difficile à trouver, et il est encore plus difficile d'étendre ses jambes ! Pour prendre ses aises, Fabrice décide de mettre ses pieds sur son petit sac, celui qui contient sa proche à eau. Malheureusement, se faisant, il appuie involontairement sur le pipette qui commence tranquillement à déverser son liquide au pied de la tente. Après quelques minutes, je ressens un peu d'humidité au niveau des pieds. Je pense dans un 1er temps que c'est du fait du contact avec la tente qui transmet l'humidité de l'extérieur mais je me dis aussi que là, la vitesse de transmission vers mon duvet est plus que rapide ! Après examen, il s'avère que la poche à eau a renversé la totalité de son liquide dans le fond de la tente (heureusement en pente, et donc le liquide se cantonne aux pieds) et que mon duvet a commencé à en absorber une partie. Branle bas de combat, nous écopons comme nous pouvons afin de sauver les meubles ! Ouf plus de peur que de mal, nous nous en tirons sans trop de dommages... Pour la prochaine nuit, tout sera dehors !